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Bilan 2023, chapitre 3 : Le ski de fond à Beuil les Launes


En Juillet 2022, nous lancions une pétition argumentée sur ce qui nous paraissait une aberration : l'extension du domaine nordique de Beuil les Launes à force de neige artificielle. La pétition "Beuil peut-il se rêver sans neige artificielle ?" (ici) a obtenu plus de 800 signatures. Le projet présenté par les adjoints est en 2 phases. La première a pour but d'ajouter un canon à neige mobile et 4 regards (emplacements pour enneigeurs mobiles) pour produire de la neige artificielle sur 200 m de piste de ski de fond supplémentaire creusés dans la montage à coup de pelleteuses. La seconde consiste à tracer une nouvelle piste à travers la forêt au détriment d'une trentaine de Mélèzes dont certains centenaires et toujours à coup de pelleteuses. (voir photo) La première fût réalisée malheureusement à l'automne 2022, aucun arbre n'aurait dû être coupé et pourtant une dizaine passèrent à la trappe. La seconde a été reportée, pourquoi ? jusqu'à quand ? on ne sait pas. Rappelons que Beuil les Launes est à 1500 m d'altitude, à l'orée du parc du Mercantour. Qu'en est-il de la neige naturelle à Beuil les Launes ? Si on croit le site skiinfo (ici un site pro ski) qui retrace l'historique des chutes de neige. Depuis plus de 10 ans, Beuil les Launes fait l'objet de seulement 3 jours de chutes de neige par an en moyenne pour une épaisseur moyenne de 30 centimètres. 30 cm de neige fraîche n'autorisent pas le passage des dameuses. Il faut entre 40 et 50 cm pour que le damage puisse se faire. A cela s'ajoute, ce que le site en question ne dit pas, c'est que pour que ces 30 cm persistent, il faut du froid, il ne faut pas qu'il pleuve ou qu'un vent chaud balaie l'or blanc. Et tout ça sur une petite saison de 3 mois qui s'étale au mieux des vacances de noël à celle de Février. Autant dire que c'est devenu une mission impossible qui s'aggrave dans l'avenir si on en croit cette fois, ce site sur la mesure des températures à Beuil. Depuis 1965.(ici), 4 ° de plus en moyenne entre 1965 et 2022 et la pente est vertigineuse depuis les années 1990. On nous rétorque souvent que dans le passé, il y a déjà eu des années sans neige, ce n'est pas nouveau. C'est vrai, il y a eu des années sans précipitation, mais qu'en est-il des années sans un froid constant avec des épisodes de 8° la nuit ou des années durant lesquelles il pleut plus qu'il ne neige ? Des années pendant lesquelles les pissenlits fleurissent fin décembre et les bourdons butinent à 1700 m d'altitude ? Des années où plusieurs espèces d'oiseaux restent en altitude plutôt que de migrer plus bas l'hiver ? On ne dit pas qu'il ne neigera plus à Beuil les Launes mais son maintien lui, n'est plus envisageable au-delà de quelques jours. Donc faire du ski de fond sur de la neige naturelle à Beuil les Launes, c'est fini. Sauf si on s'adapte, que l'on intègre l'aspect épisodique et que l'on revient à l'origine de ce sport. Un pisteur réalise des traces dans lesquelles les suivants pourront skier (le pas alternatif) et on oublie le skating hormis si la neige naturellement durcie par le froid le permet. On s'en remet à la nature tout simplement et on ne force pas le destin. Qu'en est-il de la neige artificielle à Beuil les Launes ? La neige artificielle est plus dense que la neige naturelle, ce qui entrave par ailleurs, la respiration de la terre et du vivant qui l'habite (n'oublions pas que le domaine nordique de Beuil les Launes jouxte une zone humide qu'il faut impérativement protéger). Cette densité lui confère une capacité de résistance plus grande à la pluie, aux températures élevées et au vent. L'inconvénient majeur de cette neige artificielle est que pour la produire, il faut beaucoup d'eau, du froid et beaucoup d'énergie. Or, on sait dorénavant, (2022 en fût un tragique exemple), que l'eau devient rare (moins de neige naturelle = moins d'eau) sachant que l'eau des canons de Beuil les Launes provient de la source qui alimente le village. On sait également que l'énergie devient un luxe non seulement parce qu'elle est plus chère mais aussi parce que la France c'est engagée à réduire de 40% ses émissions de Co2 d'ici à 2030. Quant au froid persistant, c'est une vieille histoire. Cette année, comme l'année dernière, les températures oscillent entre -6 et +8 la nuit à 1500 m d'altitude. Il ne faut pas oublier non plus que pour maintenir des pistes, même de ski de fond dans ces conditions, il faut sans cesse travailler, fraiser, construire des bosses et damer pour que la neige ne se transforme pas en plaques de glace inadaptées à ce sport pratiqué ainsi. Cela devient donc de plus en plus complexe techniquement de maintenir les 1200 m de piste artificielle de ski de fond de Beuil pour un coût qui lui devient exorbitant (Eau, énergie électrique pour les canons et diesel pour les dameuses, sans compter bien sûr le travail humain rémunéré). Les adjoints nous disent que le site est exceptionnellement froid et que c'est une cuvette au nord qui voit peu le soleil une partie de l'année. Certes, mais pour autant, quand il fait anormalement doux, que le vent est chaud ou qu'il pleut, ce site n'est pas épargné. Et puis, dès que les jours grandissent, que le soleil se relève sur l'horizon à partir du 20 décembre, il est de plus en plus soumis à l'ensoleillement rendant cette zone plus du tout exceptionnellement froide pour les vacances de Février. Quel est l'intérêt économique de maintenir cette activité et de continuer à investir sur elle dans l'avenir ? Nous n'avons jamais pu avoir de chiffres officiels de la part des adjoints de la mairie de Beuil sur l'intérêt économique de cette activité. Ce que l'on a pu glaner en off, ce sont ces chiffres. L'extension première phase aurait coûté 150 000 euros, la seconde coûterait 200 000 euros. L'activité pèserait 50 000 euros de dépenses par an pour un chiffre d'affaires de 10 000 euros, un déficit annuel donc de 40 000 euros. A cela s'ajoute que les 10 000 euros de chiffres d'affaires sont en partie réalisés grâce aux écoles dont les forfaits sont subventionnés par le département. La question que l'on a posée et pour laquelle nous n'avons jamais eu de réponse est : combien de pratiquants du ski de fond à Beuil ne sont pas subventionnés ? On extrapole le chiffre généreux de 100 dans lesquels le microcosme des adjoints, doit bien en représenter la moitié. Et c'est sur les 50 pratiquants épisodiques restants, pour la plupart habitants locaux, que l'on prétend construire une économie touristique. Le premier adjoint nous a cité à plusieurs reprises une étude réalisée par Nordic France qui indiquait qu'un euro investi dans les forfaits, rapportait 16 euros dans les commerces locaux. Une étude réalisée dans de grandes stations en pleine période Covid pendant laquelle le ski alpin ne fonctionnait pas. Aucune étude n'a été réalisée à Beuil et pourtant elle serait facile à effectuer, il suffirait pour cela de nous communiquer le nombre de pratiquants (de forfaits annuels ou journaliers non subventionnés) et leur origine locale ou non et on pourrait en déduire l'intérêt et l'attractivité de cette activité. Pour faire passer la pilule, on nous dit que ce n'est pas le contribuable Beuillois qui paye. Ce qui est totalement faux, à la fois parce que Beuil participe financièrement au budget de la station de Valberg qui comble le déficit (à hauteur de plus de 100 000 euros par an) mais surtout parce que les subventions qu'elles soient départementales ou régionales sont bien le fruit de l'impôt qu'il soit direct ou indirect. Si la deuxième phase devait se faire, on obtiendrait 250 000 euros d'investissement pour 40 000 euros de déficit par an. Une belle affaire qui ne s'inscrit absolument pas dans la volonté de l'État de baisser ces dépenses publiques au détriment souvent des services de proximité (postes, chômage des saisonniers, hôpitaux, enseignements, ...) et des retraites Pourquoi une telle obstination ? On se pose la question des raisons qui portent les adjoints à vouloir coûte que coûte développer cette activité alors qu'elle est en phase d'extinction. Le manque de culture environnementale et climatique probablement même si aujourd'hui on mesure dans sa chair les changements : la chaleur, la pluie et le vent. Il s'agirait donc plus d'un déni climatique : ce refus d'admettre que les choses ont une fin nourrit par l'espoir qu'un jour les conditions propices reviendront, comme par miracle. Le manque de conscience des montants dépensés. Ce n'est pas leur argent, ce n'est même pas vraiment dans le détail du budget de la mairie, c'est pourtant bien le fruit de l'impôt mais ils nous présentent cela comme un don venant d'ailleurs dont il faut profiter. Il est évident que s' ils devaient mener ce projet avec leurs propres deniers, ils ne se lanceraient pas dans l'aventure. Si ils devaient emprunter à leur nom, on leur demanderait des garanties et un prévisionnel.. Aucune banque ne prêterait 250 000 euros sur un prévisionnel de déficit de 40 000 euros par an. Le manque d'imagination. Cette activité moribonde nourrit quelques emplois précaires et quelques rémunérations dont ils bénéficient en partie. Ne serait-il pas plus intéressant de construire une activité pérenne qui sécurise tout à la fois ces emplois et leur rémunération ? Le village de Beuil et son territoire possède une richesse inestimable qui pourrait servir un tourisme durable et respectueux. Le manque d'écoute et de concertation. Pourtant élus sur l'application du participatif, ils réfutent toute discussion et toute remise en question de leur projet, comme si les habitants et les acteurs sociaux économiques n'avaient pas suffisamment d'expérience, ne prenaient pas conscience des changements qui s'opèrent et n'étaient pas capables de proposer un autre avenir à Beuil. Notre espoir Il tient au fait que les dérèglements climatiques de plus en plus ressentis poussent la station de Valberg, maître d'œuvre, à renoncer à cette folie. D'autant que la station, ayant obtenu 2 flocons verts et se présentant comme verte et écologique ne devrait pas continuer à investir dans le tout ski artificiel mais plutôt proposer des alternatives moins consommatrices d'eau, d'énergie et d'argents publics. Nous avions, lors de réunions publiques participatives, proposé un contre projet (ici) et d'ailleurs, d'autres stations ont déjà pris ce chemin d'un avenir pérenne et respectueux comme le domaine nordique de Gap Bayard (ici 50 km tout de même) qui a fait ce choix ambitieux et raisonné.


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